
Perens : l'open source est en proie à un certain nombre de problèmes graves
Bruce Perens est considéré comme l'un des pères fondateurs du mouvement de l'open source. Il est cofondateur de l'Open Source Initiative et détient la marque Open Source Initiative. Mais au début de l'année 2020, Perens a quitté l'Open Source Initiative à la suite d'un différend sur la nouvelle licence de partage de données cryptographiques : « nous avons fait fausse route en matière de licences ». L'informaticien a également profité de l'occasion pour promouvoir un mouvement alternatif appelé "open source cohérent". Aujourd'hui encore, Perens reste convaincu que l'organisation fait fausse route et que le mouvement a besoin d'être réformé.
Selon Perens, l'open source fait face à de nombreux défis. « J'ai écrit des articles à ce sujet et j'ai essayé de mettre au point un prototype de licence. Il est évident que j'ai besoin de l'aide d'un avocat. La prochaine étape consistera à obtenir des subventions. Tout d'abord, nos licences ne fonctionnent plus. Nous avons eu suffisamment de temps pour que les entreprises trouvent toutes les failles et nous devons donc faire une chose de nouveau. La GPL n'agit pas comme elle aurait dû le faire lorsqu'un tiers de tous les systèmes Linux payants sont vendus avec un contournement de la GPL », explique Perens dans une récente interview accordée à The Register.
Il cite notamment l'exemple du récent scandale autour de la distribution Red Hat Enterprise Linux (RHEL). La distribution RHEL est sous la coupe d'IBM depuis que le géant des mainframes a racheté Red Hat pour 34 milliards de dollars en 2019. Red Hat a annoncé cet été qu'il ne publiera plus le code source de sa distribution comme l'exige la licence GPL. L'entreprise interdit également à ses clients de partager et de redistribuer le code source ou de l'utiliser pour créer une distribution en aval. Ce faisant, Red Hat s'est attiré les foudres des développeurs, qui dénoncent une violation des principes fondamentaux de la communauté des logiciels open source.
Les employés d'IBM affirment qu'ils continuent à fournir des correctifs au projet open source en amont, mais qu'ils ne sont évidemment pas tenus de le faire. Perens a dénoncé la décision de Red Hat et affirme que cela trahit l'esprit même de l'open source. Dans une déclaration partagée avec le média britannique, Perens note :

Perens estime que l'open source a atteint ses limites et qu'il faut désormais penser à ce qui va suivre. « Le logiciel libre a maintenant 50 ans et la première annonce de l'open source a eu lieu il y a 30 ans. N'est-il pas temps pour nous d'examiner ce que nous avons fait et de voir si nous pouvons faire mieux ? Oui, mais nous devons en même temps préserver l'open source. L'open source continuera à exister et à fournir les mêmes règles et le même paradigme, et ce qui vient après l'open source devrait s'appeler autrement et ne devrait jamais essayer de se faire passer pour l'open source. Jusqu'à présent, je l'appelle Post-Open », a-t-il déclaré.
Perens affirme que le Post-Open sera un peu plus impliqué que l'open source. Il définirait les relations entre les entreprises et les développeurs afin de garantir que les entreprises paient un montant équitable pour les avantages qu'elles reçoivent. Le Post-Open resterait gratuit pour les particuliers et les organisations à but non lucratif, et ne comporterait qu'une seule licence. Il imagine une simple procédure de conformité annuelle qui permettrait aux entreprises d'obtenir tous les droits dont elles ont besoin pour utiliser les logiciels Post-Open. Elles financeraient les développeurs qui seraient encouragés à écrire des logiciels en respectant certaines règles.
Par exemple, ces logiciels doivent être utilisables par le commun des mortels, plutôt que par des experts techniques. Se référant aux applications populaires d'Apple, de Google et de Microsoft, Perens note : « une grande partie des logiciels est orientée vers le client en tant que produit - ils sont certainement très surveillés et, dans certains cas, font l'objet d'abus. C'est donc le bon moment pour que l'open source fasse des choses pour les gens normaux ». Selon lui, la raison pour laquelle cela ne se produit pas souvent aujourd'hui est que les développeurs écrivent du code pour eux-mêmes et pour ceux qui ont les mêmes compétences techniques.
Pour éviter cela, Perens affirme qu'il faut rémunérer les développeurs afin qu'ils puissent prendre le temps de créer des applications conviviales. Il souhaite également que les entreprises paient la facture, qui pourrait être répartie entre les développeurs contributeurs à l'aide d'un logiciel comme celui qui instrumente GitHub et montre qui contribue à un projet donné. Selon l'informaticien, Merico est une entreprise qui fournit ce type de logiciel. Par ailleurs, il reconnaît que de nombreux obstacles doivent être surmontés pour implémenter ce projet, comme la recherche d'une entité acceptable pour gérer les mesures et la distribution des fonds.
De plus, les arrangements financiers doivent intéresser un nombre suffisant de développeurs. « Et tout cela doit être suffisamment transparent et ajustable pour ne pas bifurquer de 100 façons différentes. Vous savez, c'est l'une de mes grandes questions. Est-ce que cela peut vraiment arriver ? », a ajouté Perens. En effet, l'absence de rémunération dans le domaine des logiciels open source reste un problème épineux auquel les acteurs tentent de trouver une solution. Les développeurs affirment que l'absence de rémunération est de plus en plus insoutenable. Ils en appellent à la contribution des grandes entreprises qui profitent gratuitement du système.
Perens : le mouvement Post-Open doit impérativement repenser les licences
Selon Perens, la GPL (General Public License) n'est pas suffisante. « La GPL n'est pas conçu comme un contrat, mais comme une licence. Richard Stallman pensait qu'il ne voulait pas retirer des droits à qui que ce soit. Il voulait seulement accorder des droits. Ce n'est donc pas un contrat. C'est une licence. Désormais nous ne pouvons plus faire cela. Nous avons besoin de conditions contractuelles exécutoires », a-t-il déclaré. À la question de savoir si l'adoption de licences non open source (par des entreprises comme HashiCorp, Elastic, Neo4j et MongoDB) représente une voie viable pour l'avenir, Perens a répondu qu'une nouvelle réflexion est nécessaire.
Il n'est pas fan des licences telles que la Commons Clause, qui est au centre d'une bataille juridique impliquant Neo4j. « Pourquoi Commons Clause est-elle mauvaise ? Dans un premier temps, il y a le problème de la marque. Les licences open source ont une marque qui est la compréhension des droits qu'elles véhiculent, et bien sûr l'open source a aussi une marque, qui est la compréhension des droits dans la définition de l'open source. Commons Clause semble utiliser la licence open source, mais ne donne pas du tout les m...
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