En tant que langage spécifiquement prévu pour le calcul scientifique, un bon nombre de bibliothèques sont d’ores et déjà disponibles dans le domaine pour former une bibliothèque standard plus que conséquente, principalement pour l’algèbre linéaire, la génération de nombres aléatoires et le traitement du signal. Notamment, toutes les fonctions de BLAS existent, mais sont également intégrées dans la syntaxe du langage (* pour la multiplication matricielle, \ pour la résolution de systèmes linéaires, ⋅ pour le produit scalaire, × pour le produit vectoriel, etc.). Ces opérateurs utilisent les symboles habituels dans la littérature (de même, tout caractère Unicode peut être utilisé comme nom de variable).
Contrairement à bon nombre de langages, le parallélisme est pris en charge directement dans la syntaxe du langage. Par exemple, pour mener un grand nombre d’expériences de pile ou face sur des grappes de calcul, le code est extrêmement simple :
Code julia : | Sélectionner tout |
1 2 3 | nheads = @parallel (+) for i=1:100000000 int(randbool()) end |
Parmi les fonctionnalités très attendues de cette nouvelle version 0.4 RC1, la précompilation évite de compiler les modules importés à chaque exécution d’un script : ils sont convertis en code binaire une fois pour toutes, ce qui améliore fortement les temps de chargement (dans certains cas, d’une dizaine de secondes à moins d’une). De plus, cette fonctionnalité ne réduit pas la performance du code à l’exécution : le même moteur de compilation est utilisé (LLVM), il est seulement moins souvent appelé.
La documentation des modules pour la version 0.3 se faisait par le module Docile.jl et est maintenant intégrée directement au niveau du langage. Le texte écrit en Markdown et est accessible depuis l’invite de commande. Cette fonctionnalité est incrémentale, de telle sorte que, si un fichier est modifié, seules les méthodes ayant subi des changements seront recompilées.
Un autre point fort du langage est la métaprogrammation, avec des macros très similaire à l’esprit de LISP : ces macros peuvent prendre du code en argument, représenté comme une structure de données (arbre syntaxique abstrait), manipulable à l’envi, afin de générer du code à l’exécution. Ces fonctionnalités sont très pratiques pour développer des langages dédiés (comme JuMP pour la programmation mathématique), intégrés directement dans le code Julia. À ce sujet, cette version 0.4 utilise la métaprogrammation pour définir des fonctions générées : son implémentation travaille uniquement sur le type des variables, la valeur retournée étant l’expression à évaluer lors de l’appel effectif de cette fonction sur des valeurs données — sans que le code qui appelle cette fonction soit conscient de ces détails.
La version finale de Julia 0.4 est attendue assez rapidement, une fois les derniers défauts corrigés. Les nouvelles fonctionnalités seront ajoutées dans la branche Julia 0.5, qui pourrait également apporter quelques changements qui casseront la compatibilité avec le code existant. Une nouveauté attendue sera la gestion du débogage interactif (actuellement implémenté dans un module externe, qui nécessite d’instrumenter le code : Debug.jl).
Source : Julia v0.4.0 Release Notes.