
Python, déjà en tête depuis plusieurs éditions, s’impose de nouveau cette année comme le langage incontournable. Sa domination s’explique par une combinaison de facteurs. Il est devenu l’outil de prédilection de la data science, du machine learning et de l’IA. Ses bibliothèques (NumPy, TensorFlow, PyTorch, Pandas) constituent un écosystème solide qui en fait le langage « par défaut » des chercheurs comme des ingénieurs.
Mais son succès dépasse le cadre académique. Python est désormais omniprésent dans l’industrie, utilisé autant pour automatiser des tâches simples que pour développer des systèmes complexes. Sa syntaxe accessible attire les débutants, ce qui en fait aussi un langage privilégié pour l’éducation. Résultat : une génération entière de développeurs formés sur Python alimente aujourd’hui le marché du travail.
SQL : le retour en force de la donnée
Le classement met aussi en évidence la valeur stratégique de SQL, toujours en haut de l’affiche dans les offres d’emploi. L’ère de l’intelligence artificielle n’efface pas la réalité : sans données bien structurées, aucun modèle ne peut fonctionner. SQL reste la porte d’entrée indispensable pour manipuler, organiser et interroger des masses d’informations.
Ce maintien rappelle que, derrière l’effervescence des nouveautés, certains piliers historiques du développement conservent une importance fondamentale. La donnée n’a jamais été aussi centrale, et SQL, malgré son âge respectable, reste indéboulonnable.
JavaScript : une chute spectaculaire
La surprise vient de la descente de JavaScript, qui passe de la troisième à la sixième place. La situation est présentée comme un signe d’essoufflement. Mais cette baisse reflète-t-elle vraiment une perte d’usage ? Rien n’est moins sûr. Historiquement considéré comme le langage du web, il a longtemps dominé grâce à son rôle incontournable dans la création de sites et d’applications front-end.
L’arrivée massive des outils d’intelligence artificielle a probablement contribué à changer la donne : aujourd’hui, un simple prompt permet de générer des pages web complètes sans écrire une ligne de JavaScript. Ce phénomène, surnommé « vibe coding », réduit la visibilité du langage dans les indicateurs publics comme Stack Overflow. Concrètement, moins de développeurs postent des questions ou rédigent des tutoriels, car une IA fournit déjà les solutions dans un chat privé. Résultat : JavaScript semble perdre du terrain, non pas parce qu’il est moins utilisé, mais parce que sa pratique laisse moins de traces visibles.
JavaScript est donc toujours très présent dans le web. Ce qui s’effondre, ce sont les traces publiques laissées par les développeurs : moins de questions sur Stack Overflow, moins de recherches sur Google, moins de tutoriels partagés. La cause ? Les IA conversationnelles qui remplacent ces espaces collectifs par des chats privés. Le langage reste central, mais invisible dans les statistiques.
Des métriques en crise
Le classement IEEE s’appuie sur plusieurs sources ouvertes : activité GitHub, recherches Google, publications Stack Exchange. Or, ces indicateurs connaissent une baisse drastique de pertinence. Le chiffre le plus frappant concerne Stack Exchange, où le volume de questions hebdomadaires a chuté de 78 % en un an.
Cette chute n’indique pas forcément une baisse de l’activité de programmation, mais plutôt une migration silencieuse vers les assistants IA. Les développeurs ne cherchent plus collectivement en ligne : ils posent leurs questions à ChatGPT, Claude ou Gemini. Le savoir reste produit, mais il ne circule plus de la même façon, ce qui complique considérablement la mesure de la « popularité » des langages.
IEEE note que :
« Depuis 2013, nous observons métaphoriquement par-dessus l'épaule des programmeurs afin de créer notre classement interactif annuel des langages de programmation les plus populaires. Mais les changements fondamentaux dans la manière dont les gens codent peuvent non seulement rendre plus difficile la mesure de la popularité, mais aussi rendre le concept lui-même obsolète. Et alors, les choses pourraient devenir vraiment étranges. Pour comprendre pourquoi, commençons par le classement de cette année et un bref rappel de la manière dont nous l'avons établi.
« Dans le classement par défaut "Spectrum", qui tient compte des intérêts des membres de l'IEEE, nous constatons que Python occupe une fois de plus la première place, le changement le plus important dans le top 5 étant la chute de JavaScript, qui passe de la troisième place l'année dernière à la sixième place cette année. Comme JavaScript est souvent utilisé pour créer des pages web et que le codage vibe est souvent utilisé pour créer des sites web, cette baisse de popularité apparente peut être due aux effets de l'IA, que nous allons examiner dans un instant. Mais avant de conclure sur les scores de cette année, dans le classement « Jobs », qui examine exclusivement les compétences recherchées par les employeurs, nous constatons que Python occupe également la première place, contre la deuxième place l'année dernière, même si la maîtrise du langage SQL reste une compétence extrêmement précieuse à faire figurer sur son CV.
« Comme nous ne pouvons pas littéralement surveiller tous ceux qui codent, y compris les enfants qui s'exercent sur les serveurs Minecraft ou les chercheurs universitaires qui développent de nouvelles architectures, nous nous appuyons sur des indicateurs indirects pour mesurer la popularité. Nous détaillons notre méthodologie ici, mais en résumé, nous fusionnons les mesures provenant de plusieurs sources pour créer nos classements. Les mesures que nous choisissons indiquent publiquement l'intérêt pour un large éventail de langages : trafic de recherche Google, questions posées sur Stack Exchange, mentions dans des articles de recherche, activité sur le dépôt de code open source GitHub, etc. »
Du côté de TIOBE, Python est aussi roi, SQL sort du top 10
Python conserve également la première classe, suivi par C++ et C. JavaScript est en sixième position. Mais un langage a fait la surprise en intégrant le top 10 : Perl.
Pendant des années, Perl semblait condamné à la marginalité, éclipsé par l’ascension fulgurante de Python et par la domination des langages modernes comme JavaScript, Go ou Rust. Sa syntaxe jugée cryptique, son manque de frameworks récents et l’absence d’une dynamique communautaire forte le reléguaient dans la catégorie des langages « historiques », utilisés surtout pour maintenir du code ancien.
Pourtant, selon l’index TIOBE, Perl enregistre depuis plusieurs mois une remontée régulière qui le propulse dans le top 10, devant des langages considérés comme plus en phase avec les besoins actuels. Ce retour n’est pas seulement statistique : il illustre la résilience d’un langage qui continue de compter des utilisateurs actifs, notamment dans les secteurs où la migration technologique est coûteuse ou risquée.
À ce sujet, Paul Jansen, PDG de TIOBE, a fait le commentaire suivant :

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