Grosso modo, l’enseignant blâme les approches en vigueur dans les milieux universitaire et professionnel pour leur responsabilité dans la construction de la « réputation [difficile] de la filière de la programmation informatique. »
« L’idée selon laquelle la programmation informatique est intrinsèquement difficile de façon est très répandue parmi les enseignants et les chercheurs. Toutefois, elle n’est pas confinée à l’univers académique. Même les professionnels font référence à la programmation informatique comme étant de l’art mystique. Les personnages hollywoodiens renforcent cette image de la programmation informatique comme capacité surnaturelle avec le stéréotype du pirate informatique qui fixe des écrans sur lesquels défilent des chiffres binaires », insiste-t-il.
« Moins accessible » est le descriptif que le professeur Becker préfère à « difficile » lorsqu’il fait référence à la filière de la programmation informatique. « Les méthodes d’enseignement, d’évaluation, ainsi que les attentes des enseignants vis-à-vis des apprenants lancés dans cette filière sont des aspects à améliorer pour la rendre plus accessible et plus agréable pour tous », indique-t-il.
L’éternel problème de la faille entre la chaise et le clavier ?
Une question de taille dans ces développements est celle de savoir comment on sait qu’on est fait pour la filière de la programmation informatique ? Quels sont les traits de caractère essentiels pour être un bon étudiant de la filière, puis un excellent programmeur sur le terrain ?
L’ouverture aux nouvelles expériences : elle inclut des sous-traits de personnalité comme la curiosité, la créativité et le désir de s’améliorer jour après jour. Elle offre à l’acteur les gages de survie dans un univers où la technologie est très évolutive. De nouveaux langages sortent pour répondre à des besoins bien spécifiques, d’autres pour enrichir leurs bibliothèques. La technologie de la filière programmation informatique n’est donc pas statique. La résultante est très simple : ce qui semble être à la pointe de la technologie aujourd’hui en matière de logiciel ou de matériel peut s’avérer obsolète dans les années voire les mois à venir. Bien sûr, il y a des langages de programmation qui résistent à l’influence du temps, mais ce sont là des exceptions, pas des règles.
La ténacité : c’est de façon ramassée l’avis de Peter Norvig – directeur de recherche en intelligence artificielle chez Google – sur la question de savoir quel est le trait de personnalité essentiel pour être un acteur de la filière de la programmation informatique. Y faire référence est une autre manière de toucher à la tolérance à la frustration nécessaire pour faire face au mur de l’adversité qui se dresse au moment d’intégrer des éléments d’un nouveau langage de programmation ou lors de recherche de bogues au sein de bases de code importantes.
Faire montre de réel intérêt et de passion : c’est un facteur à aligner avec la réalité de chaque pays, mais dans bon nombre le développement informatique fait partie des métiers qui paient le mieux ses intervenants. Les tiers en quête d’emploi ont donc tendance à s’intéresser à la filière dans le seul but de se faire de l’argent. C’est un besoin légitime, mais que l’on a de fortes chances de combler si l’on intègre l’ingrédient qui permet de rester assis des nuits entières à rechercher la solution à un problème ou a mettre au point de nouvelles créations, ce, pendant que d’autres prennent du repos. Après tout, l’un des éléments clés de la réussite de façon indépendante du domaine dans lequel on œuvre est de faire montre d’intérêt et surtout d’aimer ce qu’on fait.
Laisser de côté son ego : l’un des pièges dans la filière de la programmation informatique est de s’identifier à la technologie que l’on maîtrise et ainsi de risquer de passer à côté de tous les changements qui ont cours dans le domaine. Cela peut fonctionner pendant une décennie, mais l’heure de l’obsolescence des connaissances finit toujours par arriver et à mettre le travailleur de la filière dans la position du « vieux rouillé. » Garder une posture constante d’apprenti s’avère être un must. Faire référence à cet aspect c’est aussi appeler à l’humilité nécessaire pour admettre qu’on a tort lors d’une évaluation par des pairs ou pour une remise en question constante de son propre code source.
Intérêt du jeu de traits de caractère : mettre en avant le fait que l’accès à la filière de la programmation informatique n’est pas plus difficile (ou facile) qu’un autre domaine. Cela dépend en grande partie du postulant qui fait alors office de faille entre la chaise et le clavier s’il n’exhibe pas ces caractéristiques.
Les aptitudes en mathématiques : le tamis à l’accès pour tous à la programmation informatique ?
Dans plusieurs systèmes éducatifs, on conseille à des tiers désireux de poursuivre des études en programmation informatique de s’assurer de disposer d’un socle de connaissances conséquent en mathématiques. Motif : certains domaines sont hors de portée de tiers sans un niveau conséquent en mathématiques.
À titre d’illustration, la programmation graphique dans les films et les jeux nécessite des connaissances en physique mises en œuvre en utilisant des méthodes numériques issues des mathématiques. L’apprentissage machine pour sa part requiert une bonne compréhension des dérivées, de la théorie des probabilités et de l'algèbre linéaire.
L’ingénieur Walter Schultze a résumé cet état de choses en indiquant que « programmer c’est appliquer des concepts mathématiques », chose qui n’est pas à la portée de tous et qui a tendance à renforcer l’idée selon laquelle la programmation informatique est difficile.
Source : ACM
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Quel conseil donneriez-vous à un novice désireux de se lancer en programmation informatique afin qu’il trouve son métier « facile » ?
Est-il possible que des personnes naissent avec des aptitudes qui en font des programmeurs génies ?
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