Dans la prochaine mise à jour générale de VLC, le logiciel français le plus populaire du monde, il y aura un correctif inspiré par les gendarmes, a rapporté il y a plus d’une semaine Lessor, le journal de la gendarmerie française. VLC est un logiciel open source français avec plus de 400 millions d’utilisateurs et de 3 milliards de téléchargements. Le lecteur multimédia a annoncé, lors du salon CES 2019 qui s’est tenu à Las Vegas, avoir franchi la barre symbolique des trois milliards de téléchargements à l’aide d’un compteur installé sur son stand.
Parmi ces nombreux utilisateurs, il y a la gendarmerie française – dont la conversion aux logiciels libres au fil des années 2000 est un bel exemple de migration raisonnée et documentée. C’est donc à raison que Lessor a annoncé que la société Videolabs, qui fournit des services autour du logiciel libre, a mis au point une nouvelle amélioration du célèbre lecteur multimédia, qui contient un bout de code introduit à la demande des gendarmes. Selon l’article de Lessor, « cette nouvelle version du lecteur multimédia VLC équipe tous les postes de travail de la Gendarmerie depuis le début de l’année. C’est ce qu’indique un message posté sur l’intranet des gendarmes ».
Des problèmes de compatibilité de VLC avec la vidéosurveillance sont à l’origine du nouveau patch
Selon Lessor, les gendarmes ont constaté des problèmes de compatibilité avec le lecteur multimédia. En effet, les gendarmes du service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure (STSI2) avaient contacté les ingénieurs informatiques il y a près d’un an pour signaler un souci « de compatibilité dans le décodage des flux vidéo », lit-on dans l’article de Lessor. « Des constructeurs de caméras de vidéosurveillance utilisent des formats de vidéo peu courants, voire même exotiques ou enfin de leur propre création », a souligné Jean-Baptiste Kempf, le président de Videolabs.
Ce qui constitue un sérieux problème pour les gendarmes, a rapporté Lessor. Les gendarmes français utilisent les images produites par la vidéosurveillance pour faire avancer leurs enquêtes judiciaires. Selon le journal, le « lecteur VLC est installé depuis 2008 sur les ordinateurs des gendarmes. Les postes de travail informatiques des militaires, pionniers du libre, fonctionnent sous Linux. Mais ils devaient parfois basculer les images sur des ordinateurs équipés de Windows pour pouvoir lire correctement les vidéos ».
« Le passage du système d’exploitation Windows 8 à Windows 10 entraîne une perte de formats vidéo pour l’utilisateur », a signalé Jean-Baptiste Kempf. « La temporalité de l’éditeur, ici Microsoft, n’est pas la même que celle de l’utilisateur. Pour les gendarmes c’est encore plus flagrant. Pour leurs enquêtes, il est très important pour eux d’avoir des vidéos encore lisibles dans cinq ou dix ans », a ajouté M. Kempf.
Le nouveau patch n’est pas spécifique aux gendarmes
Le nouveau correctif aide les gendarmes dans leur travail, mais il n’est pas spécifique à eux. Selon l’article de Lessor, le patch mis au point pour les gendarmes par Videolabs ne bénéficiera pas qu’aux seuls militaires français. La fonctionnalité sera en effet intégrée dans la prochaine grande mise à jour du lecteur multimédia. Celle-ci est prévue pour l’été prochain. « Si cette fonctionnalité est utile pour les gendarmes, elle sera forcément utile pour d’autres personnes dans le monde », note Jean-Baptiste Kempf.
En répondant par mail à des questions relatives à la modification à venir de son logiciel, le créateur du lecteur VLC a indiqué qu’il s’agit surtout de «lire des formats exotiques, qu’on trouve souvent dans les caméras de surveillance ou dans des appareils spécifiques embarqués ». Il a ajouté que « Rien de spécifique à la gendarmerie, il est important de le noter, c’est souvent des formats dont la justice nous demande le support. Comme les gendarmes sont sous Linux, il est embêtant de devoir utiliser des postes Windows avec des codecs propriétaires pour certains types de fichiers.»
Plusieurs commentateurs ont loué l’avance de la gendarmerie matière informatique. Un premier a commenté : « J’avais discuté avec un militaire qui m'expliquait que pour leurs besoins informatiques, si ça existe en libre/open source ils prennent ça (98 % des cas) et que le reste du temps (cas très particuliers) ils développent en interne ».
Un autre a écrit : « Pour avoir bossé avec eux (armée) en tout cas en termes de sécurité c'était bien pensé, chaque bug de prod était reproduit sur un environnement de qualif puis suivait un process bien spécifique donc aucun accès en prod ou preprod et aucune donnée sensible. Et dans 90 % des cas, ils nous donnaient une analyse poussée de ce qui leur semblait causer le bug ».
Source : Lessor
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Les gendarmes inspirent un bout du code du lecteur VLC,
Et le patch sera intégré dans la prochaine grande mise à jour qui permettra de « lire des formats exotiques »
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Le , par Stan Adkens
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